Irak : Le Premier ministre désigné, Mohammed Taoufiq Allawi, jette l'éponge

Irak : Le Premier ministre désigné, Mohammed Taoufiq Allawi, jette l'éponge
lundi 2 mars 2020 - 16:02

Le président irakien Barham Saleh va devoir dans les quinze jours à venir proposer un autre candidat pour le poste de Premier ministre, celui qui précédemment avait été désigné Mohammed Taoufiq Allawi a jeté l’éponge devant des blocs parlementaires plus divisés que jamais. Mohammed Taoufiq Allawi ayant donc renoncé en ce premier mars à former un gouvernement on s’achemine vers la pire des crises politique de l’Irak.

Au bonheur des manifestants qui en premier avaient rejeté la désignation de Mohammed Allawi, ces derniers réclamant le départ de l’oligarchie qui a conduit l’Irak dans la situation dans laquelle elle patauge. Les protestataires réclament toujours une nouvelle classe politique. Celle actuelle étant accusée de corruption et d’incapacité à leur assurer les moindres services de base (électricité, emplois, soins médicaux etc…). Mais en attendant de voir venir c’est une situation de statu quo qui sévit dans le pays, une rue qui gronde et des politiques qui se cherchent sans trouver le fil pour décoincer la crise.

Le président irakien ce coup-ci n’aura pas à se référer à l’avis du Parlement pour désigner un autre Premier ministre comme l’y obligeait la Constitution de l’Irak pour les autres. Il se dit dans l’entourage du Président que Barham Salah dans sa quête d’une solution au remplacement de Allawi devrait désigner le chef du renseignement, Moustafa Al-Kazimi. Ce qui n’est pas du goût de la rue qui scande sa préférence à Alaa Al-Rikabi, un pharmacien d’une quarantaine d’années résidant à Nassiriya, ville en pointe de la contestation dans le Sud, pour qu’il devienne premier ministre.

Mohammed Allawi en jetant l’éponge, a quant à lui, dénoncé dans une lettre adressée au président de la République d’Irak « des parties qui ne négocient que pour leurs propres intérêts sans aucun respect pour la cause nationale ». Selon l’AFP, l’Irak est le seizième pays le plus corrompu au monde et où les politiciens avouent « acheter » et « vendre » postes et ministères.

D’un autre côté, s’il en est un qui a perdu de son aura populaire c’est bel et bien le leader chiite Moqtada Al-Sadr. L’homme clé dans cette tourmente irakienne n’y trouve plus son compte. Le renoncement de Mohammed Allawi à former un gouvernement l’a mis dans tous ses états. Tout en saluant une décision prise « par amour de l’Irak », il a dénoncé « des corrompus » qui prennent le pays « en otage ».

Toujours est-il, que celui qui succédera au Premier désigné qui n’a pas réussi à former un gouvernement sera pris entre l’enclume et le marteau. Car il aura la lourde première tâche d’apprivoiser des Irakiens en colère, qui cinq mois durant d’une révolte inédite qui a fait plus de de 550 morts et 30 000 blessés, n’ont eu de cesse de rejeter toutes les propositions venues du happy few qui forme le semblant d’Etat irakien.

En attendant rien de nouveau sous le soleil de l’Irak, dans la nuit de dimanche à lundi, deux roquettes se sont abattues dans la « zone verte » de Bagdad  un secteur ultra-sécurisé où se trouve notamment l’ambassade américaine qui a été justement visée. Et les manifestations ont fait un mort de leurs violences entre contestataires et forces de l’ordre pour la majeure partie pro-iranienne.

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