La fatwa du président de l’Union mondiale des Oulémas, favorable aux crédits bancaires à taux préférentiel que le Maroc a récemment lancés pour soutenir les auto-entrepreneurs avec des prêts à faible taux d’intérêt, a mis en colère les salafistes, le prédicateur Hassan Kettani en tête. Précisions.
Ancien détenu salafiste suite aux attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca, Hassan Kettani a tiré à boulets rouges sur le fondateur et ex patron du Mouvement unité et réforme (MUR, branche prédicatrice du PJD), et actuellement président de l’Union mondiale des Oulémas basée à Doha, Ahmed Raïssouni.
Très actif sur les réseaux sociaux, Le cheikh d’obédience Wahhabite a tout bonnement invité Ahmed Raïssouni à revoir son analyse sur les crédits bancaires du programme gouvernemental « Intilaqa ».
Sur sa page Facebook, Hassan Kettani déclare que « la fatwa du Dr. Ahmed Raïssouni (sic !), que Dieu lui pardonne, n’est pas conforme aux textes de la Chariaa, ni aux rapports des juristes islamiques, afin qu’il puisse les reconsidérer que Dieu le bénisse », en présentant un certain nombre de citations juridiques et de jurisprudences islamiques, qui selon lui, sont « les preuves qui interdisent les opérations d’usure sans exception ».
« L’usure, c’est l’augmentation, indépendamment de l’augmentation ou de la baisse du profit, et des taux d’intérêt bas ou élevés », tranche le religieux, pour qui l’interdiction de cette pratique est stipulée dans le Livre saint, la Sunna et l »Ijmaâ (consensus religieux) ».
Cette réaction du cheikh Kettani fait suite à une fatwa d’Ahmed Raïssouni, interrogé par quelques jeunes marocain sur « la conformité du programme bancaire « Intilaqa » avec les percepts de la Chariaa ». Le savant installé à Doha a alors salué, dans une réponse audio partagée sur le Web, « l’orientation sociale de l’initiative de l’État».
Lancé il y a quelques jours, ce programme vise à encourager les banques marocaines à accorder des prêts que Raïssouni a qualifiés de « bonifiés, abordables et modestes », aux jeunes entrepreneurs avec un taux d’intérêt préférentiel de 2% pour les jeunes en milieu urbain, et jusqu’à 1,75% dans le monde rural, pour financer leurs projets.
Il a défini ces prêts comme « non usuraires, mais plutôt qui rejoignent la Chariaa », considérant que « ce n’est pas une initiative commerciale et rentable, puisque que le taux d’intérêt réduit ne donne aucun profit aux banques ou pour toute autre institution de crédit ». Et pour inciter les siens à y souscrire, Raïssouni a souligné que cette initiative « doit être louée et appréciée, car elle prend une direction légitime et louable, que ce soit de l’État ou des riches ».
Notons que c’est le roi Mohammed VI, lors de son discours à l’occasion de l’ouverture de la dernière législature (octobre 2019) qui avait exhorté le secteur bancaire et financier à soutenir les jeunes entrepreneurs et les porteurs de projets pour la création de petites et moyennes entreprises.