Russie: Quand Vladimir Poutine se sépare de son ombre au Kremlin

Russie: Quand Vladimir Poutine se sépare de son ombre au Kremlin
lundi 17 février 2020 - 10:41

Il faisait partie intégrante du Kremlin depuis les années 90. Souvent désigné comme le «marionnettiste du Kremlin », tant son rôle était capital dans la politique russe, Vladislav Sourkov, conseiller de Vladimir Poutine, a quitté la vie politique pour se consacrer à la méditation. Sa démission a engendré une onde de choc dans les milieux politiques russes et augure d’une refonte du système en Russie. 

Vladislav Sourkov, 55 ans, celui qui avait une oreille privilégiée chez le président russe et, qui semblait jusqu’alors inamovible, a été remercié sans ménagement. D’ailleurs la rumeur circulait depuis quelques jours avant l’annonce officielle.

Elle avait été annoncée par Telegram le 25 janvier, par Alexeï Tchesnakov, directeur du Centre de conjoncture politique. « Face au changement de la politique russe en Ukraine, Sourkov a choisi de quitter le service de l’État », apprenait-on. Dans son message, le directeur du centre de conjoncture politique ajoute également que le conseiller en charge des négociations sur le Donbass va « prendre du recul et réfléchir pendant un mois », avant de prendre une décision sur ses projets professionnels.

Mais l’information a été démentie par Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. Et pour cause, Moscou voue la plus grande importance à ce dossier de la guerre du Donbass où séparatistes pro-russes soutenus par Moscou et armée ukrainienne s’affrontent depuis 2014.

Dmitri Peskov a ainsi nié tout « changement de cap » en Ukraine. Il a ajouté qu’aucun décret présidentiel confirmant cette « démission » n’a été signé. Pourtant la décision a déjà été prise, et l’annonce de la démission de celui qui était perçu comme « l’éminence grise » du Kremlin pendant de nombreuses années, a pris de court le président lui-même puisque personne jusqu’ici n’avait annoncé ou fait fuiter l’information de son départ avant que ça ne soit officiel.

Un changement de cap en Russie

Celui qui a pris ses quartiers au sein de l’administration présidentielle dans les années 90 pour organiser la transition entre Boris Eltsine et Vladimir Poutine, était un fidèle parmi les fidèles du camp Poutine.

Il était à l’origine des théories et de l’idéologie du « poutinisme » qui veut voir la Russie reprendre sa place d’antan, forte et tournant la page de l’humiliation de la fin de l’époque soviétique.

Vladislav Sourkov, co-fondateur du parti dirigeant, Russie Unie, avait créé un nouveau modèle de gouvernance, « la démocratie souveraine » ou « démocratie dirigée », un concept propre à la Russie et avait lancé des mouvements politiques de jeunes chauvins.

Ce personnage qui avait tendu sa toile au sein du pouvoir et avait toutes les clés pour rester au Kremlin, aurait été remercié à cause de l’échec au niveau de la gestion de la crise avec l’Ukraine, selon la presse russe.

Si Dmitri Peskov a réfuté tout changement dans la gestion du Donbass, qui plombe les relations entre Moscou et l’occident après l’annexion de la Crimée, les événements prouvent tout le contraire. Après la séparation avec l’artisan du Kremlin qui s’est faite non sans douleur, puisqu’il se retire complètement de la vie politique, c’est à présent à Dmitry Kozak, ancien vice-Premier ministre nommé vice-président de l’administration présidentielle, de reprendre la main sur le dossier ukrainien.

La veille de l’annonce de ce changement, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait limogé le chef de son administration Andriï Bogdan, pour le remplacer par son principal négociateur avec la Russie, Andriï Iermak. Les deux pays semblent avoir pris un nouveau chemin dans la gestion de leur conflit.

Poutine se prépare pour 2024

Le départ de Vladislav Sourkov n’est pas anodin et n’est pas seulement lié au changement de négociateur en Ukraine, il s’inscrit dans une série de mouvements plus profonds opérés dans les plus hautes sphères de l’Etat, commandées par le président russe, Vladimir Poutine.

Depuis janvier, la Russie confrontée à une stagnation économique, a connu des changements politiques majeurs. Le président Vladimir Poutine a enclenché la machine des réformes constitutionnelles élargissant le pouvoir du Parlement et ceux du chef du gouvernement, nommant de nouvelles têtes et en remerciant d’autres, faisant suite à la démission collective du gouvernement de Dmitri Medvedev.

L’opération s’est faite dans le plus grand des secrets, seulement un petit clan parmi les plus fidèles a été mis au courant et a travaillé sur les réformes constitutionnelles. Personne n’a rien vu venir, même pas Sergeï Kirienko, qui est pourtant celui qui prend en charge la stratégie politique au Kremlin.

Le patron de la Russie qui s’est maintenu à la tête du pays pendant près d’un quart de siècle, n’a toujours pas terminé sa mission de redonner à la Russie ses lettres de noblesse de l’époque soviétique. Sauf que Vladimir Poutine se heurte à la limitation de la Constitution qui ne lui permet pas d’aller au-delà de ses 4 mandats présidentiels.

Et c’est dans cette optique que les mouvements sur l’échiquier politique lui permettraient, si les Russes votent en faveur de la révision constitutionnelle, de garder la main sur le pouvoir sans être toutefois chef de l’Etat.

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