Grèves et absentéisme des enseignants: Désœuvrés, les élèves livrés à la rue-Témoignages-

Grèves et absentéisme des enseignants: Désœuvrés, les élèves livrés à la rue-Témoignages-
jeudi 6 février 2020 - 16:54

Dès le début de l’année sociale de 2019/20, les enseignants, toutes catégories confondues, ont annoncé la couleur: grèves, sit-in… Aussi bien les contractuels, les diplômés au chômage, les enseignants dits de la « cellule 9 » et d’autres catégories du corps enseignant, ils observent régulièrement des débrayages pour faire valoir leurs droits auprès de leur tutelle.

Mais au milieu de ce bras de fer entre enseignants et tutelle, ce sont les étudiants qui paient le prix, un prix fort. Qui dit absentéisme, dit temps perdu* pour les étudiants de tous les cycles. Et qui dit absentéisme, dit élèves à la rue, puisque la grande majorité des parents travaillent et de ce fait, ils n’ont pas le temps, ni la possibilité, de vérifier si leurs enfants sont réellement en classe ou ailleurs.

Face à cette situation qui dure depuis plus de 2 ans avec la montée au créneau des enseignants recrutés par contrat auprès des AREF et qui se comptent par centaines, les élèves marocains, ainsi que leurs parents se plaignent au quotidien de l’interruption ponctuelle des cours.

De plus, la présence des enseignants en classe, quand ils ne sont pas en grève ou absents pour des motifs d’ordre personnel, ne compensent pas les périodes d’absence et se contentent du «strict minimum », selon plusieurs témoignages de lycéens qui se sont confiés à Hespress Fr.

Ainsi, des témoignages d’étudiants d’un lycée de la métropole poussent à la réflexion. Selon Hafssa R. « les enseignants sont absents dans 60% voire plus, du temps ». Dans quelques cas, l’absence est justifiée, puisque les élèves sont avisés à l’avance de la grève de leurs encadrants, explique Hafssa R. Mais dans d’autres cas, elle ne l’est pas.

« Il nous arrive de venir le matin et de trouver marqué sur le tableau, enseignant absent, sans qu’on nous donne aucune explication ni même le motif de son absence, alors qu’on sait bien qu’il n’y a aucune grève », nous confie cette adolescente de 16 ans.

Interrogée sur ce que les étudiants font durant l’absence de l’enseignant, Hafssa. R se montre réservée, avant d’indiquer que le choix est assez restreint. « Même si on veut rester à l’intérieur de l’établissement, le gardien ou le superviseur nous appellent à quitter puisque le professeur n’est pas là».

Reste donc la rue! Car demander à un adolescent de quitter l’école pour un tel motif, c’est lui dire de sortir à la rue, argumente l’adolescente. « Quand l’enseignant est absent, les filles par exemple préfèrent rester dans la grande cour, ou sur le terrain de sport au lieu de rentrer chez elles. Mais une fois qu’on nous aperçoit, on n’hésite pas à nous demander de quitter du moment où on n’a pas cours ».

Pour d’autres, ils trainent dans la rue tout au long de la journée, poursuit notre jeune interlocutrice, sachant que pour les parents, ils sont à l’école. Elle ajoute dans ce sens que la plupart de ses camarades disent à leurs parents qu’ils avaient cours pour éviter le comment du pourquoi.

Pour un autre jeune lycée, Hamza K., même quand l’enseignant est là, ils n’arrivent pas à suivre en cours. Passionné de dessins et d’arts, Hamza K. nous explique dans un premier temps que sa classe compte 38 élèves. « Quand tout le monde se met à bavarder, l’enseignant lâche l’affaire et ne nous explique plus rien ».

« Quand il y a du bruit en cours, notre enseignant d’histoire géo n’essaie même pas de calmer ou de contrôler sa classe. Il arrête tout simplement ses explications, et commence à écrire le cours. Une fois terminé, il s’assoit et nous demande de recopier sans pour autant nous demander si nous avions des questions à poser », relève Hamza K.

« Ils nous donnent l’impression qu’ils n’accordent aucune importance si nous comprenons nos cours ou pas. Pour eux, il suffit d’être en classe. Expliquer, s’assurer que cela a été assimilé, maîtriser la classe, notamment les éléments turbulents, ne fait pas partie de leurs préoccupations », s’indigne notre interlocuteur.

Une problématique sur laquelle la tutelle et le gouvernement doivent se pencher en urgence, puisque la majorité des adolescents qui se sont confiés à nous, ont indiqué qu’il y a un nombre important de leurs camarades qui se sont adonnés à la consommation de la drogue.

L’enseignant n’est pas le seul responsable de ce phénomène, cela est sûr. Mais il a sa part de responsabilité. Selon les étudiants interrogés, « les enseignants disent devant les caméras qu’ils se préoccupent de notre avenir et défendent l’enseignement public, raison pour laquelle ils entament les grèves, etc. Mais en réalité, ils ne défendent que leurs intérêts. Parce que quand ils sont là, la plupart d’entre eux ne font rien pour rattraper le temps perdu, et même la direction ne les sanctionne pas ».

Le pire dans cette histoire, poursuit une élève au micro de Hespress Fr, est que « quand un élève va en réclamer à la Direction, il n’est pas pris au sérieux ».

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