A Tanger, le drame survenu dans un café de « Chicha » dans la nuit du réveillon, et qui a causé la mort de deux jeunes femmes, restera pour longtemps gravé dans la mémoire des habitants de la ville. Les Tangérois en parlent encore et réclament que justice soit rendue aux victimes de cette tragédie. Hespress FR a rencontré des « promeneurs » qui sont unanimes à affirmer que « l’année 2020 a démarré de la plus tragique des manières» pour la ville du détroit.
« Quand j’ai entendu parler du drame, j’ai directement pensé à mon fils qui était également sorti fêter le réveillon avec ses amis, malgré mon insistance pour le garder à la maison ce soir-là vu les problèmes qui arrivent. Je l’ai tout de suite appelé pour savoir s’il va bien, ce qui était le cas. Par la suite on nous a dit que deux personnes sont mortes et d’autres ont été touchées par le feu et transportées à l’hôpital. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’on espère que le coupable soit puni et que les autorités se penchent un peu sur ce phénomène qui détruit la santé de nos enfants. Les cafés de chicha ont envahi Tanger alors qu’à ma connaissance ils n’ont pas d’autorisation, alors comment se fait-il qu’on les laisse fleurir ?», nous a déclaré Leila. D, une mère de famille habitant pas loin du café de chicha en question.
Dans la soirée du mardi 31 décembre, aux alentours de 00h45, un incendie s’est déclaré dans café de chicha à Tanger dénommé «Ô75 Paris». Deux personnes sont mortes et 3 personnes ont été touchées par le feu, tandis que le propriétaire du café est en état d’arrestation. Selon une source bien informée de Hespress Fr, les deux personnes mortes étaient des femmes de ménage qui travaillaient dans le café en question.
« Les deux pauvres femmes travaillaient en tant que femmes de ménage au café. Quand l’incendie s’est déclaré, elles se trouvaient dans les sanitaires et n’en savaient rien. Une fois alertées, il était trop tard, elles étaient piégées par le feu. Elles ont essayé de sortir, mais le feu avait déjà envahi tout le café et elles sont mortes étouffées par les flammes», nous raconte tristement notre source.
Pour ce qui est des circonstances de ce drame, notre source nous a révélé que la raison de l’incendie est un sapin « chinois » que le propriétaire du « Ô75 Paris », actuellement poursuivi en état d’arrestation pour «homicide involontaire par inattention, manquement à une obligation de prudence et incendie involontaire de biens immobiliers causant la mort de deux personnes », avait acheté pour l’occasion.
« Le propriétaire du café avait importé de Chine un sapin de noël et l’a installé dans le café, soi-disant pour l’ambiance du réveillon. Il avait entouré le sapin de bougies, comme une sorte de décoration. Quelques heures après, avec toute la fumée dégagée par la chicha, les bougies ont accroché au sapin +de mauvaise qualité+, provoquant un court-circuit et puis un gigantesque incendie», nous a-t-il expliqué.
Absence totale de contrôle
Le plus impressionnant dans cette histoire, poursuit notre source, est que les serveurs du café ont tenté d’empêcher les clients de sortir avant d’avoir payé leurs consommations. « C’est la chose la plus inhumaine qui puisse exister », s’est-il indigné.
« En plein feu et panique, la seule chose à laquelle pensaient les serveurs c’était le paiement. Ils n’ont pas pensé aux deux pauvres femmes dans les toilettes, à la vie des dizaines de personnes qui se trouvaient dans le café ni même à leur propre vie. Sans oublier bien-sûr qu’il n’y a aucune issue de secours, ni d’extincteur à poudre », a-t-il fait remarquer.
A propos d’issue de secours et d’extincteur à poudre, notre interlocuteur a mis en avant que le contrôle des mesures de sécurité dans ce type de café se fait dans « la corruption totale », en ce sens, a-t-il dit, que les cafés de chicha n’ont pas d’autorisation à la base, pour ce qui est de la consommation de la chicha.
« Pour les autorités responsables de contrôler les mesures minimales de sécurité dans un café, à fortiori un café de chicha, ils ont droit à des enveloppes bien garnies pour fermer leurs yeux. Et c’est comme ça partout. La corruption continue de détruire la vie des citoyens. Si des contrôles rigoureux étaient faits dans ce type de café, ont aurait évité la mort de ces pauvres femmes. On aurait au moins pu les sauver et contrôler la situation avant que le feu ne se propage dans tout le café », a-t-il affirmé.
Selon un père de famille qui s’est également confié au micro de Hespress Fr, « il est temps de mettre fin aux cafés de chicha à Tanger ». « Comme vous pouvez le constater, les cafés de chicha envahissent la ville, et se situent dans les grandes artères, et sous les yeux des autorités, à qui cela convient apparemment. On n’arrête pas de dire que la consommation de la chicha est illégale, alors pourquoi ces types de cafés poussent comme des champignons à chaque coin de la ville ? Est-ce qu’ils nous prennent pour des imbéciles ? Est-ce qu’ils attendaient qu’un tel drame se produit pour mettre fin à ce phénomène oriental, qui ne fait même pas partie de notre culture marocaine ? En tout cas, la nouvelle décennie a bien démarré pour les Tangérois, qui je pense n’oublieront pas de si tôt cette tragédie », a déclaré notre interlocuteur.
Pour rappel, le parquet avait diligenté une enquête pour déterminer les circonstances de cet incident, à l’issue de laquelle le procureur du roi près la Cour d’appel de Tanger a décidé de poursuivre le propriétaire en état de détention.
La première audience du procès aura lieu le 10 janvier, et le propriétaire du «Ô75 Paris» sis au complexe la tulipe, devra répondre d’ « homicide involontaire par inattention, manquement à une obligation de prudence et incendie involontaire de biens immobiliers causant la mort de deux personnes ». Les premiers éléments de l’enquête avaient révélé que l’incendie avait été causé par court-circuit.
