Fêtes de fin d'année: Pourquoi les Marocains optent pour l'étranger ?

Fêtes de fin d'année: Pourquoi les Marocains optent pour l'étranger ?
samedi 28 décembre 2019 - 10:54
Le réveillon est dans quelques jours. Et qui dit réveillon, dis fête et voyage entre amis ou en famille. Mais voyager au Maroc, même pour un week-end, est devenu une « mission impossible ». Il faut compter une somme conséquente pour espérer payer un séjour de deux ou trois jours.
Des tarifs d’hôtels et de maisons d’hôtes en feu, les prix de la restauration exagérés bien que la qualité laisse à désirer sans oublier le service qui demeure « médiocre » surtout quand il s’agit de Marocains, ce qui pousse ces derniers à se diriger vers des pays européens où le prix du séjour reste raisonnable avec à côté un service excellent et des infrastructures remarquables.
Joint par Hespress Fr à ce sujet, Bouazza Kharati, président de la fédération marocaine des droits des consommateurs, a souligné qu’il y a deux aspects qui font que les Marocains se dirigent vers l’étranger pour passer leurs vacances au lieu de rester au Maroc. Le premier aspect est le prix tandis que le second est le service.
« Au Maroc c’est extrêmement cher d’abord en comparaison avec le niveau de vie dans d’autres pays comme l’Espagne ou la France. L’essentiel, c’est qu’aujourd’hui, les Marocains préfèrent acheter un billet d’avion pour l’Espagne avec un prix abordable, ou parfois même prendre leur voiture, plutôt que de rester passer les vacances au Maroc.  Et pourtant, la nature, les paysages y sont beaucoup plus beaux qu’à l’étranger» fait-il savoir.
Là où le bât blesse, poursuit notre interlocuteur, c’est le volet service. Selon Kharrati, il est inconcevable qu’un touriste européen vienne au Maroc passer une semaine pour le prix d’une ou de deux nuitées pour un citoyen marocain, soulignant que c’est la raison pour laquelle les Marocains préfèrent aller ailleurs.
De même, le Maroc ne possède pas de politique en matière de tourisme national, insiste-t-il, notant que c’est le tourisme national qui représente la base du développement touristique du pays. «Sans tourisme national, le tourisme étranger est éphémère», relève-t-il.
«Pour le moindre faux pas, les étrangers ne viendront pas au Maroc alors que les nationaux préfèrent d’abord bénéficier de la nature propre de leur pays et en même temps ils cherchent à être bien servis. Or,  malheureusement, ils ne sont jamais bien servis, et les prix les *poussent à aller sous d’autres cieux», ajoute-t-il.
Ainsi, il a été observé que les politiques nationales se sont plus concentrées sur les touristes étrangers que sur les touristes nationaux. Il détaille: «Le ministère du Tourisme a lancé par le passé l’opération « kounouz bladi » qui donnait la possibilité aux enseignants de bénéficier d’une baisse de prix dans les hôtels. Malheureusement, quand ces enseignants se présentaient dans ces hôtels, on leur disait toujours que c’était complet. Autre exemple : vous par exemple, si vous allez à Marrakech de manière inopinée, vous allez dans un hôtel, vous demandez une chambre, on vous dira que c’est complet. Juste à côté, prenez votre tablette et réservez à travers une agence étrangère, et montrez la réservation au réceptionniste, il vous donnera la chambre dans l’immédiat».
Interrogé sur la raison derrière ce comportement «discriminatoire», Kharrati fait remarquer qu’il s’agit, ni plus ni moins, «du mépris vis-à-vis du consommateur marocain», indiquant que les hôtels «préfèrent que la réservation se fasse par le biais d’une agence internationale qui va récupérer la devise, que céder la chambre à un marocain qui se présente suite à une urgence».

Déplorant que le Marocain ne puisse pas se permettre un séjour de courte durée dans son propre pays, notre interlocuteur avance pour cela trois facteurs : «il y a le carburant qui est cher, et même si le pauvre citoyen veut bénéficier du train ou de l’autocar c’est cher aussi sans oublier les accidents fréquents».

Le deuxième facteur, poursuit-il, est prix des hôtels et de la restauration qui sont toujours à la hausse, tandis que le troisième facteur est, encore et toujours, le service.

Et selon Kharrati, c’est ce facteur qui blesse le plus. « Quand vous êtes marocain, le service laisse à désirer. Si un étranger et un Marocain se présentent en même temps dans un restaurant ou un hôtel, ils servent l’étranger en premier et on laisse le Marocain attendre. C’est malheureux », se désole notre interlocuteur.

Chaque année, le ministère du Tourisme se plaint de ne pas avoir réalisé les chiffres escomptés côté tourisme. Mais s’il se concentrait plus sur le touriste national, il arrivera à atteindre ses objectifs, et pourrait même les dépasser, selon Kharrati.

«Il faut que le ministère du Tourisme revoie toute sa politique. D’autant plus qu’au Maroc, la politique en matière de tourisme est destinée au tourisme VIP, la classe supéreure. C’est généralement les grands hôtels 5 étoiles, etc. Mais les hôtels moyens sont peu nombreux et ne bénéficient pas des mêmes avantages», explique-t-il.

Pour les familles marocaines à revenu limité, il est juste impensable de programmer un voyage à l’étranger, encore moins au Maroc, où le séjour est au dessus de leurs moyens. Elles voyagent donc loger chez un membre de la famille, ce qui n’est pas toujours évident.

Questionné sur ce point, Bouazza Kharrati nous indique que la famille est devenue «la famille nucléaire surtout avec un petit appartement, ça dérange. Alors que s’il y avait des structures capables de les héberger à des prix modiques cela va résoudre beaucoup de problèmes et va même faire tourner l’industrie, que ce soit l’industrie hôtelière ou gastronomique, etc, mais dès qu’il y a un créneau qui bloque, toute la chaîne est bloquée».

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