La présidentielle en Algérie fait face à la colère noire du peuple

La présidentielle en Algérie fait face à la colère noire du peuple
jeudi 12 décembre 2019 - 15:54

Les élections présidentielles en Algérie enflamment la population. Largement boycotté, ce scrutin se poursuit au même moment où des manifestations d’une grande ampleur ont lieu, sous haute surveillance, partout dans le pays. 

C’est un scrutin sous haute tension auquel fait face le pouvoir en Algérie. Si les autorités ont déployé un impressionnant dispositif de sécurité, avec même des hélicoptères qui survolent la capitale, les bureaux de vote ont été saccagés et des listes électorales et urnes détruites à Béjaia, ville de Kabylie.

Dans d’autres villes, la situation reste tendue à l’exemple de Tizi Ouzou où l’opération de vote a été arrêtée pour des raisons de sécurité, de Constantine ou encore de Bouira où les bureaux de vote ont été fermés et les bureaux de l »Autorité nationale indépendante des élections ont été saccagés. Dans la capitale algéroise, les manifestants du Hirak ont tenté d’organiser à plusieurs reprises et dans différents quartiers des rassemblements pour faire part de leur refus de participer à ces élections. Mais ces mêmes manifestants se sont heurtés à des forces de police armés qui ont tenté de les disperser.

Au moment où la police anti-émeute tentait de disperser les manifestations anti-élections rue Didouche, des rassemblements commençaient à se former place Audin, si bien que les forces de police n’ont pas pu contrôler le flux grandissant des manifestants. Des images d’une mobilisation digne des rassemblements de chaque vendredi sinon plus importante ont lieu en ce moment dans la capitale pour contester ces élections. Alger est noire de monde. Les manifestants ont forcé les cordons de sécurité vers la place de la Grande Poste.

« Achaab yourid l’istiqlal » (le peuple veut l’indépendance), « goulna makanch l’vote » (on a dit qu’il n’y a pas de vote) ont scandé les manifestants appelant à « l’indépendance », le slogan ayant le plus de poids lors de manifestations dans les pays arabes, au moment où toute la classe politique votait, notamment l’ancien président Abdelaziz Bouteflika et son frère Nacer Bouteflika. Le président par intérim Abdelkader Bensalah ainsi que les 5 candidats à la présidentielles ont tous voté.

« Pouvoir assassin, assassin, assassin » ont également crié les manifestants à Alger. « Dégagez dégagez, had chaab ch’radi iwelli? » (que va devenir ce peuple?), demandant aux tenants du pouvoir de plier bagage. Pour eux, ils sont « dépassés » et font partie « du passé ».

Alors que plusieurs manifestations anti-élection présidentielle ont éclaté dans toutes les Wilayas du pays, l’ANIE, l’instance chargée du suivi du scrutin a déjà sorti des chiffres sur la participation, notamment 11.20% à Relizane, 8.18% à Jijel,  7.49% à Skikda, 8.52% à Guelma, et 6.53% à Mila à 11 heures. A l’étranger, le taux de participation était plus important, selon Mohamed Charfi, le président de l’ANIE il était de 11,63% à Lyon, 14% à Abou Dhabi et 15,81% à Tunis.

Par ailleurs, l’instance a affirmé que 90% des bureaux de vote étaient ouverts, tandis que 5% d’entre eux ont connu des perturbations. Selon Mohamed Charfi il y aurait eu une «participation respectable » dans la majorité des villes d’Algérie.

Pourtant les images affirment le contraire, et la violence qui a entaché ce scrutin témoigne de la situation extrême. A Alger, toute personne ayant scandé un slogan anti-élection a été arrêtée par la police jusqu’à ce que la situation soit généralisée. Selon Bouzid Ichalalene, le directeur de publication d’Interlignes, « même un policier en civil a été agressé par les forces anti-émeutes », a-t-il tweeté. « Climat très tendu à Alger », a-t-il ajouté.

Sur les réseaux sociaux, les internautes se posent la question de la crédibilité de ces élections et des électeurs à l’heure où les chaines nationales ne cessent de diffuser des images d’électeurs dans plusieurs Wilayas. « Les images des centres de vote montées par les chaines de télévision montrent très souvent les dos des votants et jamais les visages. Ils ont peur d’être reconnus? », s’est demandé le directeur de publication d’Interlignes sur Twitter.

Les internautes ont leur réponse, pour eux, cela s’expliquerait par le fait qu’ils doivent voter à plusieurs reprises en faisant le tour des bureaux de vote, des consignes de l’armée, qu’il s’agit de militaires en civil et des vétérans des partis historiques au pouvoir à savoir le FLN et son allié le RND.

En outre, les internautes ont remarqué l’absence totale de femmes, et des électeurs portant des capuches sur la tête pour ne pas être reconnus. Dans les témoignages des électeurs retransmis sur les chaines de télévision de l’Etat, tous sont des hommes très âgés, alors que l’Algérie est un pays composé à majorité de jeunes, ont ajouté plusieurs internautes. Après les critiques sur l’absence des femmes, cet après-midi, la télévision d’Etat a montré des images de femmes dans des bureaux de vote, toujours filmées de dos.

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