Présentée aux quatre coins du monde depuis mars dernier, l’exposition « Nouvelle génération, la bande dessinée arabe », pose ses valises au Maroc, à la gare de Rabat Agdal, pour mettre en avant les œuvres d’une quarantaine de BDéistes originaires de pays arabes tels que le Liban, l’Egypte, l’Irak ou encore le Maroc. Une exposition organisée par l’Institut français du Maroc, en partenariat avec l’ONCF et la Rédal.
Inaugurée ce mardi 10 décembre, avec la présence des initiateurs, cette exposition itinérante visible jusqu’au 20 décembre, propose de poser un regard nouveau sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, en matière d’art, à travers son évolution, de génération en génération.
Présente pour l’occasion, Clélia Chevrier Kolačko, directrice générale de l’Institut français du Maroc s’est réjouie, au micro de Hespress FR, d’aider la jeunesse marocaine et le grand public à se familiariser avec la bande dessinée et l’art visuel.
« C’est une première pour nous, grâce à un partenariat avec l’ONCF, d’avoir une telle exposition dans cette grande gare. L’idée est d’apporter cette exposition au public, plus tôt que le public vienne à nous et notamment aussi de faire rencontrer la bande dessiné et les jeunes et c’est pour cela que nous avons également un partenariat avec la Redal qui va nous permettre de faire venir des milliers de jeunes marocains de l’école publique marocaine et d’associations », nous a-t-elle expliqué.
Et d’expliquer l’objectif de cette rencontre artistique: « Pour nous, l’idée de cette exposition c’est de partager la bande dessinée de l’ensemble du monde arabe, ici au Maroc, il y a bien sûr des auteurs marocains mais aussi des auteurs venant d’Algérie, du Liban, d’Egypte, d’Irak et qui partagent leur vision de la société qui est toujours intéressante à voir en image, et pas seulement à lire. C’est cela que nous souhaitions transmettre ».
L’expression à travers le dessin
La bande dessinée arabe a évolué génération après génération et s’est adaptée au goût du public et à des situations politiques contrastées. « Pour nous, il était essentiel de donner à voir l’extraordinaire vitalité de la création du monde arabe en matière de 9ème art. Cette nouvelle bande dessinée surprend par son audace, par la multiplicité de ses influences et par la richesse des thèmes qu’elle aborde. Thèmes intimes, poétiques, politiques, historiques, sociétaux, elle rend compte et permet de mieux décrypter la nouvelle page qui est en train de s’écrire dans cette région du monde », explique, de son côté, Pierre Lungheretti, Directeur générale de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image.
Dans cette exposition, les auteurs témoignent avec force, humour, acuité et parfois rage de la situation dans leurs pays. Ils s’inscrivent dans la lignée des « printemps arabes », bien que quelques artistes aient précédé ces changements et les aient annoncés. Certains continuent même d’en témoigner au péril de leurs vies.
Ce qui est le cas de l’artiste marocain de bande-dessiné Salaheddine Besti qui a tenu lui-même à présenter ses propres créations. « C’est une exposition pour les jeunes générations et les visiteurs en général afin de découvrir la bande dessinée arabe. Au cours de cette exposition, nous avons fait des médiations et des ateliers bandes-dessinées pour des classes de jeunes et pour les visiteurs en général dans le but d’initier la jeunesse à l’univers de la bande-dessinée et aussi de leur donner une expérience pratique, qui pourrait les pousser à ressortir le jeune artiste et bdeiste qui est enfoui en eux », a-t-il confié à Hespress FR.
La BD au service de la jeunesse
Pour familiariser les enfants avec cette nouvelle production, l’Institut français de Rabat organise une série de visites accompagnées à la Gare de Rabat-Agdal à destination des établissements scolaires et du tissu associatif marocain.
Près de mille élèves de collèges et lycées sont concernés par ces médiations. Munis d’un livret pédagogique et ludique, chaque élève découvre l’exposition à la manière d’un jeu de piste. Le bédéiste marocain Salaheddine Basti les initie à la création de leur propre planche de bande dessinée.
« Aujourd’hui c’est aussi le lancement d’un voyage assez particulier pour une centaine d’entre eux puisque ces jeunes au cours du mois à venir vont aller dans la LGV de Rabat à Tanger, pour à la fois goûter au plaisir de ce train à grande vitesse, mais aussi participer à une meilleure connaissance de la bande dessinée, profiter de la réalité virtuelle et puis arriver à Tanger et avoir d’autres activités tel que le breakdance sur place », explique Chevrier Kolačko.
En effet, en marge des visites scolaires, 120 enfants du tissu associatif bénéficient d’une journée culturelle résolument singulière qui va les mener vers Tanger, via le TGV Al Boraq. Au programme, la visite de l’exposition de la bande dessinée arabe, le transport en TGV accompagné de lunettes de réalité virtuelle et d’activités autour de la bande dessinée, des ateliers contes et breakdance prévues à la gare de Tanger avant le retour à Rabat.
« L’ONCF est aujourd’hui fier de s’associer à l’Institut français pour l’organisation de cet événement. D’abord, il y a l’exposition de la bande-dessinée arabe, une première au niveau du Maroc et surtout d’une gare, notamment en offrant une expérience de voyage à travers Al Boraq pour les élèves issus de classes démunies », se réjouit, Chahid Mohammed, directeur de la valorisation de l’ONCF.
« Cet événement intervient dans le cadre du premier anniversaire de la mise en service de la ligne à grande vitesse et sera suivi par une large opération dans le même cadre sociétal qui vise à offrir une expérience de voyage aux élèves », a-t-il ajouté.
Une promenade géographique emmènera le public des rues du Caire ou de Casablanca aux immeubles de Beyrouth et aux ruelles de Bagdad et offrira un aperçu de ce monde foisonnant à travers un point de vue alternatif sur les pays arabes d’aujourd’hui.
