Digital : Voici les habitudes des Marocains pour 2019

Digital : Voici les habitudes des Marocains pour 2019
samedi 30 novembre 2019 - 12:30

Les Marocains sont avides de foot, de musique et de contenu pour adultes. Selon les données du rapport de Data Reportal concernant la situation du digital en 2019, les citoyens du royaume sont de grands consommateurs de médias digitaux et de réseaux sociaux.

En janvier 2019, le taux de pénétration d’Internet s’est placé à 50 % en Afrique du Nord. Le taux de pénétration des réseaux sociaux s’est, pour sa part, placé à 40 % dans la région. Le rapport indique que les plateformes sociales qui comptent le plus d’utilisateurs dans la région sont Facebook, YouTube, WhatsApp, Messenger et WeChat. Les applications sociales les plus utilisées dans la région sont WhatsApp et Facebook, à noter que ceux-ci sont constatables via mobile à hauteur de 10,2 %.

Par genre et âge, la catégorie des 25-34 ans vient en tête, avec une représentativité de 19 % du côté des hommes et de 13 % pour les femmes. Cette tranche d’âge est suivie de près par les 18-24 ans, où les hommes représentent une part de 16 %, alors que les femmes y sont de 11 %.

Les Marocains, consommateurs de médias en tout genre

Le rapport indique que le parc mobile national compte plus de 43,76 millions d’abonnés. Celui d’Internet se chiffre à 22,57 millions d’utilisateurs, avec un taux de pénétration de 62 %. Par ailleurs, malgré l’affluence des offres de commerce électronique, les Marocains ne sont pas forcément séduits par celui-ci. Trois tranches d’âge sont les plus présentent à ce niveau, notamment les 18-24 ans, les 25-34 ans et les 35-44 ans. Les utilisateurs de ce canal s’élèvent à plus de 2 % seulement, dont 3,2 % d’hommes et 0,9 % de femmes.

Cela dit, plus de 17 millions de Marocains seraient présents sur les différentes plateformes sociales, à noter que 16 millions d’utilisateurs y accèdent via mobile. Concernant les moyens les plus utilisés pour consommer du contenu, les smartphones viennent en tête avec une représentativité de 57 %, suivi par les PC (25 %), les tablettes (14 %) et les objets connectés (2 %). Les plateformes sociales les plus utilisées par les Marocains sont Whatsapp, Facebook, YouTube, Instagram et Messenger.

Pour ce qui est de la nature des contenus les plus prisés par les consommateurs nationaux, l’on retrouve en premier lieu le foot, suivi par la musique, les faits divers, la politique et les contenus pour adultes. En effet, les internautes nationaux sont avides de résultats de foot et de rencontres en streaming du ballon rond, et démontrent la même ferveur pour ce qui est de la lecture, du visionnage et du partage de faits divers en tout genre, notamment ceux concernant les affaires de meurtre et de viol. Concernant la politique, cela concerne surtout les affaires de fraudes, les faux pas, et les accrochages verbaux. Pour ce qui est des contenus pour adultes, il n’y a de limite que l’imagination, selon les données de plusieurs plateformes indiquant les mots clés les plus consultés.

Le futile intéresse grandement les internautes

Les Marocains sont bien connectés, mais il persiste un problème, qui se présente notamment au niveau des contenus qu’ils consomment. Le débat revient souvent, puisque l’on n’arrête pas de dire qu’il faut proposer des programmes innovants et intelligents, qui puissent refléter un certain niveau culturel, mais en même temps, à voir les tendances sur YouTube par exemple, l’on se rend compte que les Marocains sont avides de contenu « ridicule » et sans intérêt. Cela pousse bien à se poser la question : pourquoi un tel paradoxe existe ? Surtout que le web national voit pulluler des vidéos dont le contenu hausse pas mal de sourcils, mais attire tant de clics, car le clic a son pesant d’or à l’heure du 2.0.

Dans ce sens, Hespress FR s’est entretenu avec le Pr Mustapha Chagdali, psychosociologue, qui nous a expliqué que « la technologie numérique du Web 2.0 n’est pas une simulation, mais c’est une technologie qui permet la communication à distance. De la sorte, les réseaux sociaux sont des lieux publics et ils n’ont rien du virtuel si ce n’est la possibilité qu’ils offrent aux usagers d’établir des interactions échappant à la logique du face-à-face, tout en gardant leurs aspects actuels ».

Il faut bien comprendre, à ce stade, que ce nouvel espace virtuel permet aux utilisateurs d’être ce qu’ils veulent, de se créer une « vie », qui n’a forcément rien à voir avec la réalité, mais qui peut toutefois rapporter de l’argent. Le Pr Chagdali indique que « l’usage des réseaux sociaux à outrance dans le contexte marocain, tout en prenant en considération les contenus digitaux postés sur ces réseaux, nous laisse présager que ces deniers sont utilisés comme s’il s’agit d’une simulation ou d’un imaginaire. De ce fait, c’est l’exposition de soi qui prime dans ces échanges », tout en rajoutant qu’« à examiner les contenus postés sur le numérique par un bon nombre de Marocains, nous pouvons constater ce passage de l’intime vers l’extime. Celui-ci se trouve accentué par les transformations sociales que connaît la société marocaine d’aujourd’hui ».

Les plateformes sociales ont fait qu’aujourd’hui, l’on peut faire n’importe quoi et devenir célèbre. Une célébrité qui peut, évidemment, disparaître du jour au lendemain, mais c’est là qu’intervient le challenge de garder son audience. Si certains présentent du contenu travaillé et pensé de façon à attirer et consolider sa base d’abonnés, d’autres choisissent de s’exposer littéralement en étalant leur vie entière sur le web, à la recherche du saint Graal, notamment un nombre important de vues et de clics, synonymes de potentiel contact par des marques.

Notre interlocuteur explique que « la tendance qui se dégage de la consommation du Web marocain reflète, en quelques sortes, ce désir d’être visible ailleurs sur le web et qui dénote probablement de la complexité des relations interpersonnelles au niveau de la vie réelle ». De plus, le Pr Chagdali indique que « l’exposition de soi remarqué sur le Web marocain traduit souvent des sentiments du narcissisme et de l’égocentrisme ce qui pourrait être expliqué comme une sorte de fuite de la vie groupale et au contrôle de la société. L’usage des photos relookées par des filtres du numérique peut en témoigner dans ce sens ».

Le ridicule ne tue pas, il rend riche… si l’on sait s’y prendre. En effet, de plus en plus de Marocaines décident d’exposer leur corps, implicitement ou explicitement, afin d’attirer une audience en quête de chaire facile, pas forcément dans le royaume, puisque de nombreuses youtubeuses ciblent des abonnés dans les pays du Golfe, en échange de cadeaux et de dons, si ce n’est de l’argent directement.

L’expert précise que « si le ridicule occupe une place prépondérante à travers les échanges digitaux entre Marocains, c’est justement parce qu’il reflète une cognition sociale structurée de la sorte. L’emploi massif des réseaux sociaux témoigne d’une pauvreté culturelle et intellectuelle apparente. Et pour améliorer la qualité des productions digitales, la seule solution réside au niveau de l’éducation, et ce pour transformer les perceptions et les cognitions des usagers vers un usage créatif et positif du numérique ».

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