C’est un jour sombre pour la liberté d’expression en Algérie. Quatre journalistes du quotidien Le Temps d’Algérie, se sont retrouvés limogés après avoir critiqué la Une de ce journal connu pour être à la coupe du pouvoir.
Alors que les manifestations anti-système connaissent toujours autant de succès dans les rues algériennes, le pouvoir, avec à sa tête le général Ahmed Gaid Salah, s’est lancé dans une opération quelque peu saugrenue, en affirmant que les marches hebdomadaires de protestation contre le système corrompu en Algérie sont en réalité un « élan populaire exprimant la volonté d’aller vers l’élection du 12 décembre prochain ».
La presse à la solde de l’Etat, dont l’agence de presse officielle APS est le porte drapeau, s’est retrouvée obligée de confirmer ces propos fallacieux et, c’était le cas pour le quotidien Le Temps d’Algérie, du groupe Médias Temps nouveaux, propriété de l’homme d’affaires Ali Haddad, l’ex patron des patrons, aujourd’hui à la prison d’El Harrach.
Critiquant sur Facebook la Une de ce média ayant titré « Unanimité sur la nécessité de +voter en masse+ » lors de la présidentielle du 12 décembre, Aïssa Moussi, journaliste au Temps, s’est vu suspendu de son emploi.
Le journaliste avait estimé que la couverture du journal était « honteuse » et déploré la « censure » dans la presse algérienne. « En tant que journaliste de ce média, je me démarque d’une telle couverture, voire même du contenu, qui ne reflète aucunement la réalité du terrain », écrit Aïssa Moussi, dénonçant « une honteuse orientation dictée » par la direction du journal.
Mercredi, deux jours après l’incident, une note de la direction du journal, publiée sur les réseaux sociaux, informe les salariés de la suspension d’Aïssa Moussi et de trois journalistes dont le rédacteur en chef Saïd Mekla (qui s’étaient opposés au renvoi de leur collègue), « jusqu’à un conseil de discipline », notamment pour avoir « porté sérieusement préjudice à l’image » du journal « avec leurs publications sur les réseaux sociaux ».