Au Liban, le mouvement de contestation contre la corruption de la classe politique se poursuit toujours et ce mardi est redouté plus que tout. Le président de la République Michel Aoun, qui n’a toujours pas désigné un successeur à Saad Hariri Premier ministre démissionnaire, doit s’adresser à la nation dans la soirée.
Une forte mobilisation est donc attendue ce mardi pour dénoncer et le retard dans la formation d’un nouveau gouvernement et pour exprimer de nouveau leur ressentiment de dégagisme. Avant de procéder à la désignation d’un nouveau Premier ministre, le président de la République, Michel Aoun et son allié, le Hezbollah, veulent s’entendre avec les autres forces politiques sur la nature et la composition du prochain cabinet.
Saad Harriri est pressenti pour se succéder à lui-même. Mais la question qui se pose est son consentement. Hésitant quant à diriger un nouveau gouvernement, il est partagé entre les partisans de Michel Aoun et du Hezbollah qui prêchent la continuité et ceux du leader druze Walid Joumblatt et du chef chrétien Samir Geagea, qui eux, soutiennent le mouvement de la contestation et sont partants pour un gouvernement composé de personnalités et de technocrates indépendants.
Ce coup-ci, ce sont les jeunes qui ont pris le flambeau de la contestation si l’on peut se permettre. En effet, lycéens et étudiants, sont le fer de lance des manifestations en ce mardi, aidés en cela par la complicité du ministre de l’Education Marwan Hamadé un proche de Walid Joumblat qui a donné pour consignes aux écoles, lycées et aux universités de fermer leurs portes.
La mobilisation soudaine d’aujourd’hui, intervient après quelques jours d’une accalmie relative. Elle a été avivée à cause d’une séance parlementaire destinée à approuver une loi d’amnistie générale contestée et d’autres textes anti-corruption jugés insuffisants par les contestataires. Le président de la Chambre, Nabih Berry, qui est également dans le collimateur des manifestants au même titre que la classe dirigeante libanaise, a finalement décidé de reporter la séance à la semaine prochaine. Les contestataires ont quant à eux, maintenu leur manifestation.
C’est donc parti pour une journée de paralysie au Liban d’autant plus, que les banques seront fermées après la grève ouverte, décrétée par les employés du secteur. De plus, le Liban est au bord de la crise bancaire. Le pays du cèdre, traverse une de ses pires crises économiques de ces 30 dernières années. Tous les indicateurs sont dans le rouge.
Le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a dû annoncer une série de mesures pour tenter de rassurer la population. Pour tenter de résorber la crise, il a appelé les banques à répondre positivement à toute demande de liquidités. Les établissements bancaires pourront donc souscrire des prêts « en dollars auprès de la Banque centrale à un taux d’intérêt de 20% », a-t-il annoncé.