Météorites : De la « black beauty de Tissint à la « green beauty » de Boujdour

Météorites : De la « black beauty de Tissint à la « green beauty » de Boujdour
mardi 4 février 2020 - 09:21

Pour ses richesses fossiles d’origine tellurique ou céleste, nombre de pays envient ce sol marocain « béni du ciel ». On prête au Royaume, nonobstant les éventuelles énergies sous son écorce, le doux euphémisme d’Eldorado en matière de météorites collectées au regard de l’abondance de chutes sur le territoire national.

C’est que les plus révélatrices quant à la naissance du système solaire et à l’exobiologie, proviennent de nos provinces du sud et plus particulièrement de la région de Tata, Boujdour, Tinssit, Erfoud, Zagora et environs qui font figure de terres d’asiles des chasseurs de météorites et autres collectionneurs. Cette roche que l’on peut tutoyer au féminin comme au masculin, (la ou le météorite) est lucrative à plus d’un titre. En effet l’affaire en devient juteuse dès sa découverte car son gramme a valeur d’une vingtaine de fois le prix du gramme de l’or.

D’énormes perspectives culturelles et scientifiques 

Mais au-delà des occasions offertes à quelques intermédiaires véreux de s’enrichir « Elles ouvrent », nous dit le Docteur Abderrahmane Ibhi Professeur à l’Université Ibn Zohr, spécialiste de la pétrologie minéralogique des roches terrestres et extraterrestres et écrivain, « après avoir voyagé dans le temps et l’espace et trouvé leur impact tellurique, d’énormes perspectives culturelles et scientifiques fascinantes, tout en renseignant sur la position, le mouvement, la structure ou l’évolution, bref tout ce que l’objet céleste peut apporter à l’astronomie et l’exobiologie ».

Activités du Musée des météorites au Maroc 

Celui qui officie aux destins du Musée des météorites au Maroc dont le siège se trouve dans l’enceinte de la faculté de sciences relevant de l’Université Ibn Zohr à Agadir en occupe également le poste du premier président. Il nous a également briefé sur les activités du Musée surtout à l’occasion de son troisième anniversaire (conférence internationale sur les météorites et astéroïdes et les différentes manifestations et autres journées scientifiques dans les provinces du sud pour les authentifications et répertoires des météorites).

Dans sa lancée, Abderrahmane Ibhi nous a fait part aussi de sa volonté de créer un musée satellite à celui d’Ibn Zhor à Tata car cette région est un trésor en la matière de par l’abondance des chute de météorites qui est phénoménale.

« Les décideurs locaux n’y voient pas d’inconvénients et le projet est tout à fait envisageable », nous dit-il. Une exposition de météorites a également eu lieu dans ces régions afin de sensibiliser les différents acteurs néophytes (étudiants, chasseurs de météorites, enseignants, collectionneurs, prospecteurs et toute personne s’intéressant à cet univers fascinant).

Des tables rondes ont également eu lieu dans ces régions du sud marocain pour sensibiliser les populations sur les météorites et tenter d’expliquer l’abondance d’impacts telluriques de ces objets tombés du ciel ».

De la « black beauty de Tissint à la « Green Beauty » de Boujdour

Tout en nous expliquant, que chaque année, sur environ 500 météorites de plus de 200 grammes qui tombent sous l’attraction terrestre, le tiers touche le sol, les autres vont aller faire bon ménage avec la vie marine des océans, Abderrahmane Ibhi nous confie qu’une vingtaine seulement sont découvertes.

« L’immense majorité provient d’astéroïdes, (0,2%), arrachées à Mars ou à la Lune ou à une autre planète de notre système solaire. A leur entrée dans l’atmosphère terrestre, ces objets célestes sont chauffés par le frottement de l’air, se désagrègent en milliers de morceaux qui forment les météorites. Des fragments sont réduits en poussière, d’autres parviennent jusqu’à notre sol », explique l’universitaire.

C’est le cas de la martienne Tissint « black beauty » du nom de cette oasis et palmeraie de la région de Tata (70 km) et dont des débris ont échoué jusqu’à Bir Anzarane. Plusieurs de ses fragments font le bonheur de musées à l’international. Mais le professeur est encore plus fier de « Green Beauty » découverte à Boujdour.

« La roche, exceptionnellement verte, appelée NWA 7325 (Northwest Africa 7325), est très, très, très belle. Elle a été découverte dans le sud du Maroc dans la région de Boujdour à Bir Abbès en 2012, et elle comprend 35 fragments totalisant environ 345 grammes et proviendrait de Mercure », détaille-t-il, faisant noter qu’elle est exposée au musée de Yale au New Haven dans le Connecticut aux Etats-Unis ».

Bien plus passionné encore et combien heureux et fier quand il évoque l’archéoastronomie à travers trois rochers orné de pétroglyphes. « C’est une découverte qui a était faite à Ida Oukazou (Haut-Atlas) dans la région d’Essaouira et c’est une première dans ce domaine.

Datant de plus de 1500 ans av J.C (antiquité) dans ces pétroglyphes figurent des dessins de corps célestes en feu. Dans l’une d’entre elles étaient inscrit en ancien tifinagh très difficile à déchiffrer du reste « Le Dieu du soleil nous jette des pierres ». Ces pétroglyphes sont exposés au Musée des Météorites d’Ibn Zhor d’Agadir ».

Préserver ce patrimoine du mercantilisme

Face à l’anarchie régnante et au pillage du patrimoine, une législation a vu le jour et son application est fictive depuis mars dernier. Elle a pour but de préserver et valoriser le patrimoine géologique par un ensemble de mesures et de dispositions juridiques, visant à organiser l’extraction, la collecte et la commercialisation des spécimens minéralogiques et fossiles et des météorites.

Abderrahmane Ibhi a apprécié sa mise en application et a déclaré « Cela fait cinq ans, dit-il, que l’on réfléchissait à ce projet parce qu’il y avait un vide au niveau des météorites. Aussi il n’y avait aucune légalité à travailler dans ce secteur. Les textes disaient que le fait de s’accaparer un objet est de notoriété publique dès lors qu’il a été trouvé sur son sol ou sa couche arable, ailleurs, c’est un bien de l’Etat. Quiconque pouvait donc en jouir et corrompre le travail des spécialistes. Il était difficile de préserver nos richesses par ce manque d’outils juridiques. A notre niveau nous allons organiser des séminaires dans les différentes villes concernées afin de sensibiliser tous les acteurs (chasseur de météorites, commerçants, collectionneurs etc.) aux textes juridiques qui ont été créés pour la sauvegarde et la réglementation de notre patrimoine qui en même temps se veut universel puisqu’il appartient à toute l’humanité ».

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