45 ans après, qu'est devenu l'esprit de la Marche Verte?

45 ans après, qu'est devenu l'esprit de la Marche Verte?
mercredi 4 novembre 2020 - 14:38

Plus qu’un simple anniversaire, un événement historique. Il y’a 45 ans, le 6 novembre 1975, une épopée sans précédent prend place au Maroc, initiée par Feu Hassan II, dans le plus grand des pacifismes : la Marche Verte. Verte comme l’étoile du drapeau marocain, inscrite à jamais dans l’histoire collective du Maroc, dans le but de recouvrer ses provinces du Sud des mains des colons espagnols.

Quatre décennies après, le peuple marocain se remémore avec fierté cette étape phare du parachèvement de l’intégrité territoriale du Royaume. Cependant, une question se pose aujourd’hui, l’esprit de la Marche Verte, vécue par ceux qui y ont participé, existe-il encore chez les Marocains, des anciennes et nouvelles générations?

Sollicité sur le sujet par Hespress FR, le politologue marocain Driss Aissaoui estime que même si cet événement a eu lieu il y’a presque un demi-siècle, il n’en demeure pas pour autant l’un des plus marquants dont le message continue d’être transmis de génération en génération.

« Depuis la Marche Verte, il y’a beaucoup d’eau qui a coulé sous les ponts. L’esprit est toujours là mais il y a beaucoup de choses qui ont changé. De mémoire en tant que citoyens, en 1975, on avait encore la force de l’âge et nous l’avons vécue avec beaucoup d’enthousiasme, moi-même et tous les gens de mon quartier. C’était une adhésion totale et indéfectible pour cette cause-là », se remémore-il.

Et d’ajouter: « Ce fut un événement extraordinaire dans la vie des Marocains, qui a fait appel à leur parité, à leur esprit, disons d’adhésion à la cause nationale et ils l’ont fait de manière spontanée ». Et de la spontanéité il y en avait! Avec une forte présence de plus de 350.000 volontaires civils, venant des quatre coins du pays.

Cette marée humaine a répondu à l’appel lancé par son Roi, illustrant, comme souvent dans l’histoire du Royaume, la parfaite symbiose entre le trône et le peuple. L’appel de Feu Hassan II, lancé le 16 octobre 1975 est intervenu après la confirmation par la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye de l’existence de liens juridiques et d’allégeance entre les Sultans du Maroc et les tribus sahraouies.

La question du Sahara est, en effet, la cause qui fait l’unanimité inébranlable de tout le peuple marocain et pour laquelle il est mobilisé collectivement et disposé à consentir tous les sacrifices. Et encore aujourd’hui le Marocain continue de faire preuve de ce patriotisme, comme l’explique Aissaoui à Hespress FR.

« Au fil des années, et aujourd’hui, est-ce qu’on peut vraiment dire que cet esprit existe toujours ? Je vais répondre par l’affirmatif, oui cet esprit de solidarité, d’adhésion aux causes nationales est toujours là, il n y a aucun problème », estime-t-il

« Maintenant, comment s’exprime-t-il ? Certainement de manière tout à fait différente de ce qu’on a vécu durant les années 70 et particulièrement l’année de la Marche Verte et très probablement grâce à un nombre de facteurs qui sont complètement ancrés dans la mémoire collective des Marocains. Comme l’histoire ne se répète pas, les Marocains se renouvellent et c’est ça la différence », nous explique le politologue marocain, qui s’adresse particulièrement à la jeune génération.

Ceux qui sont nés dans les années qui ont succédé à la Marche Verte, n’ont comme souvenir que les cours d’histoires, les vidéos et les anecdotes racontées par leurs parents, grands parents ou proches qui ont fait le déplacement.

« La Marche Verte est un idéal qui n’est pas vécu de la même manière depuis 1975 jusqu’à maintenant. Les enfants des années 2000, des années 90 ne savent pas ce que c’est réellement la Marche Verte mais leur engagement pour le pays et pour ses idéaux est toujours là », conclut Aissaoui.

En effet, la célébration de cette grande marche populaire, en tant qu’étape marquante de l’histoire du Royaume, offre l’occasion de souligner la nécessité de préserver les valeurs nationales et de les transmettre aux générations montantes en vue de renforcer leur sentiment de patriotisme et leur permettre de relever les défis du présent et de l’avenir.

C’est ainsi que plus de quatre décennies plus tard, cette marche se poursuit sous la conduite du Roi Mohammed VI qui, en 2015, a doté les provinces du Sud du Royaume d’un nouveau modèle de développement économique avec une enveloppe budgétaire de plusieurs dizaines de milliards de dirhams.

Le Sahara aujourd’hui n’a, en effet, rien à voir avec celui laissé par le colonisateur espagnol. Des projets à coups de milliards ont permis aux provinces du Sud de prendre le même train de développement pris par les autres régions marocaines.

En 2016, le Roi Mohammed VI assista à la mise en service officielle de la première centrale du Complexe Noor Ouarzazate, « Noor I », qui constitue le plus grand complexe énergétique au Monde avec une capacité totale de 580 MW, étendu sur une surface de 3.000 hectares.

Un projet d’une grande envergure situé au cœur du Sahara marocain et qui s’inscrit dans la vision royale de faire face aux enjeux énergétiques du pays et assurer ses besoins croissants en matière d’énergie renouvelable ainsi que faire face aux défis et problématiques liées aux changements climatiques.

L’exemple vivant : La ville de Dakhla, qui est aujourd’hui l’adresse favorite des amateurs et champions du Kit-Surfin. Des événements sportifs et économiques d’envergure internationale sont organisés chaque année dans cette magnifique ville du Sahara aux dunes blanches.

Plus qu’un simple anniversaire d’un événement historique, la Marche Verte est aujourd’hui un symbole pour toute une Nation. Le symbole d’une marche qui continuera a être perpétué à travers l’héritage laissé par un pays qui utilise son passé pour relever les défis du présent.

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