Liban : Mobilisation populaire et déploiement de l'armée font bon ménage

Liban : Mobilisation populaire et déploiement de l'armée font bon ménage
jeudi 24 octobre 2019 - 13:40

Rien de nouveau sous le soleil Libanais, cela fait huit jours ce jeudi 24 octobre, que le soulèvement populaire « WhatsApp » qui se veut, pacifique contre la hausse des taxes, la corruption, et le départ de la classe politique, continue au Liban. Une nouveauté cependant, mais bien peu pertinente dans le décor, le déploiement de l’armée dans les rues libanaises depuis mercredi.

La raison de cette sortie sur ordre des militaires de leurs casernes, il faut la voir dans les nombreux barrages routiers érigés sur les axes menant à la capitale. Les autorités craignant un risque d’une paralysie totale du pays ont décrété cette décision. Aussi observe-t-on, çà et là les rassemblements de centaines de personnes aux alentours des nombreux barrages montés à l’aide de barrières, de pneus, de bidons ou de voitures, dans le but de les protéger. Dans un communiqué, mercredi, le premier ministre Saad Hariri s’est dit « déterminé à obtenir l’ouverture des routes pour assurer la libre circulation des citoyens », soulignant « l’importance de sauvegarder la sécurité et la stabilité du pays ».

Toujours sur le terrain, banques, écoles et universités sont restées fermées jusqu’à nouvel ordre. Malgré cette tentative de rouvrir les routes par la force et la chute de fortes pluies à partir de l’après-midi, les manifestants n’ont pas quitté la rue ce qui parfois a conduit à des face-à-face tendus mais respectueux et sans incident violent.

Ce déploiement des militaires n’a pas empêché la mobilisation et la foule cherchant l’osmose avec ces enfants du peuple tout soldats soient-ils, les amadoue d’une manière ou d’une autre (offre de fleurs, discussion afin de les convaincre à leur cause etc.). Tout indique donc, que le mouvement est parti pour durer.  L’occupation de la rue est toujours aussi forte et ce malgré les réformes qu’a proposées le Premier ministre du Pays du cèdre pour apaiser la colère des Libanais.

Présenté lundi par Saad Hariri, son vaste plan de réformes économiques n’a pas eu l’effet escompté par la classe politique malgré des mesures entre autres, hautement symboliques comme la baisse de 50% des salaires des ministres et des députés. Le Premier ministre libanais, mise sur une aide financière de 11 milliards de dollars de l’étranger. La France et les Etats-Unis y pâtissent afin qu’il puisse mettre en œuvre les réformes structurelles qui vont avec.

Autre fait marquant la fermeté du président Michel Aoun qui dans une allocution a déclaré que « le changement de régime réclamé par les manifestants ne pouvait se faire qu’à travers les institutions constitutionnelles et non à travers la rue ».

Ces paroles loin d’apaiser la foule libanaise risquent de conforter les manifestants dans leur détermination à rester mobilisés. Aoun a en outre rappelé que « la liberté d’expression est un droit respectable, mais la liberté de circulation est aussi le droit de tous les Libanais », ce qui n’est pas pour plaire aux adeptes des barrages.

Rien n’y fait donc, le peuple reste droit dans ses bottes et continue à dénoncer la corruption des élites. Et ce n’est pas l’ouverture de poursuites contre un ancien premier ministre, Najib Mikati 63 ans, à la tête du gouvernement entre 2011 et 2014, ainsi que son frère, son fils et une banque libanaise accusés d’« enrichissement illicite » qui fera capituler la rue du Liban, du moins,  pour le moment.

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