En Iran pour la première fois depuis la révolution islamique, on va ouvrir officiellement aux spectatrices iraniennes les portes du stade Azadi de Téhéran, et ce, à l’occasion de la rencontre qualificative pour la Coupe du monde 2022, Iran-Cambodge. 3500 places leur ont été réservées.
C’est 5 % de la capacité d’accueil de cet immense stade, le plus grand du pays. Ce qui semblait être du domaine de l’impossible est devenu une réalité pour l’Iranienne. Certes on a permis parfois l’entrée à la gent féminine de ce mythique stade, mais elles étaient soit étrangères et supportrices de l’équipe adverse (Irlande en 2001, Syrie en 2017), soit triées sur le volet (finale de Ligue des champions asiatique en 2018) ou déguisées en hommes, à l’aide de fausses barbes.
Cette évolution des mentalités, si progrès il y a, la supportrice iranienne la doit à Sahar Khodayari, la jeune femme ayant choisi se suicider en s’immolant plutôt que d’aller en prison. Elle avait pour ce faire, tenté d’entrer dans un stade. Cette mort tragique de « la fille en bleue » (la couleur de son équipe d’Esteghlal,) avait provoqué un tollé général en Iran et de par le monde jusqu’à en faire réagir la FIFA. Cette dernière menaçant l’Iran d’une exclusion força la fédération iranienne à oser ce « geste » d’ouverture.
Toujours est-il que la portée de ce sacrifice est à relativiser, car dans l’immense enceinte du stade une infime partie seulement, métalliquement fermée sera réservée aux 3500 supportrices. Mais pour le verre à moitié plein, d’un autre côté c’est un retour aux choses du football pour les femmes iraniennes qui n’avaient plus mis les pieds librement dans un stade depuis la révolution islamique il y a de cela près de quatre décennies (oct. 1981).
Mais qu’on se dise, si d’aucuns voient dans ce passage graduel une évolution de la situation de la supportrice iranienne, bien des luttes avant que les Iraniennes ne soient vraiment les égales des hommes dans les stades sont encore à venir, car dans cette avancée il ne faut y voir qu’une concession à l’instance mère du ballon rond.