Quels changements à prévoir dans les relations internationales après le coronavirus?

Quels changements à prévoir dans les relations internationales après le coronavirus?
dimanche 26 juillet 2020 - 13:25

La crise sanitaire du coronavirus aura provoqué des changements importants sur la scène internationale ces derniers mois. Basculement de l’équilibre du pouvoir vers la Chine, accusations américaines, souverainisme et fermeture des frontières, et compétition pour trouver un vaccin, ont été quelques uns des faits marquants de la crise.

A présent que la première vague du virus est terminée va-t-on se diriger vers de nouveaux paradigmes et nouveaux modes de fonctionnement ? Interrogé par Hespress FR, le professeur Khalid Chegraoui, spécialiste des relations internationales, répond.

Peut-on imaginer que la période post-coronavirus connaîtra des changements majeurs dans les relations internationales ?

« Je ne suis pas de ceux qui prétendent qu’il y aura un grand bouleversement dans les relations internationales. Ce n’est ni la fin du capitalisme ni la fin de la mondialisation mais ça va être autrement. Il va y avoir des changements, des adaptations, ça c’est certain, des révisions en termes de politique internationale, mais qu’il y ait chute du système, je ne pense pas.

Surtout que le système capitaliste, a toujours vécu à travers les crises et par les crises. Il suffit de voir les Etats-Unis, c’est à travers les crises qu’ils se relancent et ils ont un système intrinsèque qui fait que, sans l’intervention de l’acteur étatique, le système économique se régule et se renforce de plus en plus, se propulse vers l’avant.

Les relations internationales vont certainement changer, un certain nombre de visions qui vont changer, le rapport avec l’Asie et le monde Occidental pour nous pays du sud va être plus ou moins équilibré du moment où on a vu aujourd’hui où était le point fort, et où l’équilibre penche, mais pas de bouleversement total. »

A quels niveaux ces changements seront-ils perçus selon vous ?

« Dans les relations internationales on est en train d’assister à un chamboulement mais pas à cause du covid-19 en lui-même, mais beaucoup plus à cause des problèmes étatiques d’aujourd’hui où on constate un recul du multilatéralisme et une forme d’absence des institutions internationales principalement de l’ONU, l’Union Africaine en faiblesse, l’Union européenne en retrait, en faiblesse et même pas en concordance. Le coronavirus va peut-être ajouter son grain de sel.

Aujourd’hui, on observe un retour à la souveraineté, le retour à l’usage de la force comme avec la Russie, la Turquie, Israël qui le fait depuis longtemps, la Chine et l’Inde qui sont presque en conflit armé, les Etats-Unis qui interviennent partout dans le monde, la France qui intervient avec quelques acceptations étatique mais sans qu’il y ait d’approbation populaire en Afrique par exemple, les pays du Golfe qui soutiennent des mouvement par ci par là parce qu’ils ont des problèmes entre eux…

C’est là où le covid-19 va pousser, c’est sur la question du retour à la souveraineté nationale. Le covid-19 a réveillé ce cadre-là et principalement en termes économiques, cette fois. »

La tendance au protectionnisme, au souverainisme, et à la re-localisation des entreprises sera-t-elle une idée massivement adoptée par les pays suite aux problèmes d’approvisionnement qu’il y a peu y avoir pendant la période de crise sanitaire ?

« Cette tendance a commencé avec l’ère Trump, mais le covid-19 va accentuer cette poussée, avec une nouvelle réflexion sur l’identité économique nationale. Est-ce que cela va être facile à faire ? Non, je ne pense pas. Est-ce que tous les pays vont avoir cette possibilité ? Ce n’est pas toujours évident parce qu’il y a les lois du marché qui s’imposent et qui sont toujours là.

C’est le rapport au prix, le rapport au coût, et jusqu’à preuve du contraire, le coût est trop élevé dans les pays occidentaux et principalement en Europe. Un seul pays peut se targuer de pouvoir conserver une industrie locale c’est les Etats-Unis, parce qu’ils ont un marché local avec une consommation à outrance et un système économique qui pousse à la consommation à outrance et avec une capacité d’endettement sans limites (privé et étatique) et c’est le seul pays au monde qui peut faire ça. »

Pour les pays du Sud et le Maroc plus particulièrement, sur quel éléments peut-on capitaliser pour la période post-covid ?

« Le tissu industriel qu’on a pu bouger et transformer au Maroc nous a beaucoup aidé. Aujourd’hui, on n’a pas besoin d’avoir des industries lourdes et de gros calibre, on est pas obligé d’avoir des industries high-tech mais l’essentiel aujourd’hui c’est d’avoir un tissus industriel capable de s’adapter avec un niveau de technicité capable d’aller vers les solutions qui s’imposent rapidement. Donc on parle d’industries de transformation, d’industries mécaniques, c’est-à-dire les industries de base qui se révèlent être très importantes

Deuxième chose la sécurité alimentaire, ces deux choses sont extrêmement importantes. Bien sûr, il y a l’enseignement, la prévention sanitaire, tout cela, mais je pense que, oui, un souverainisme, un protectionnisme qui ne va pas toucher de manière bouleversante les rapports internationaux. On restera dans des dépendances qu’on le veuille ou non.

Aujourd’hui par exemple, on peut avoir une industrie pharmaceutique chez nous, elle existe déjà, en la développant encore plus mais on restera toujours dépendants des matières premières de cette industrie venant d’Asie principalement de Chine. Et on reste tributaires de la recherche scientifique dans le domaine du médicament qui, est dépendante du Monde occidental. Mais déjà, avoir une unité de transformation chez nous, c’est déjà quelque chose. »

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